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DÉSINFORMATION D’ÉTAT

Accusations contre le Nigeria, le Bénin, et la France : les nouveaux mensonges du général Tiani

Depuis sa prise de pouvoir par un coup d’État en août 2023, le général Abdourahamane Tiani semble avoir adopté une stratégie de communication basée sur la désinformation. À l’image d’Ibrahim Traoré au Burkina Faso, ou d'Ali Mahaman Lamine Zeine qui tous deux ont inventé des bases militaires françaises au Bénin, le général putschiste Tiani s’efforce de détourner l’attention de son incapacité à gérer les crises internes en multipliant les déclarations accusatoires contre des puissances étrangères, en particulier la France.

 

Crédit Photo : PRN
Crédit Photo : PRN

Lors d’un entretien diffusé mercredi sur « Télé Sahel », Tiani a une fois de plus usé de cette rhétorique : « La France continue de nous traiter sous le prisme colonial. Nous refusons cela. Le Niger est un pays souverain, et nous ne plierons plus devant les pressions extérieures. » Si ces mots peuvent séduire une partie de la population, et les milliers d'activistes gracieusement payés par l'argent du contribuable nigérien, ils masquent une absence criante de résultats concrets sur le terrain sécuritaire.

Des accusations sans fondement

L’une des affirmations les plus controversées du général concerne l’existence présumée d’une base militaire française dans l’État de Borno, au Nigeria, sous l’égide d’une mystérieuse société dénommée CANADA. Cette accusation a été accompagnée de prétentions selon lesquelles les forces françaises opéreraient dans des zones telles que Kurnawa, Kangarwa et Dogon Chikun. Cependant, ces allégations s’effondrent face à l’épreuve des faits.

La réalité sur le terrain : 

Ces régions sont connues pour être contrôlées par des groupes terroristes tels que l’ISWAP (Islamic State West Africa Province) et Boko Haram. Depuis des années, ces factions rivales s’affrontent pour le contrôle de ces territoires, semant la terreur parmi les populations locales. Aucune preuve ne vient appuyer l’idée que des forces françaises, ou toute autre force étrangère, opèrent dans ces zones.

Incompréhensions des autorités nigérianes :

Ni les autorités locales ni les responsables fédéraux nigérians n’ont confirmé l’établissement d’une quelconque base militaire française à Borno. L’absence de preuves officielles jette une ombre sur la crédibilité des propos de Tiani. Le 21 décembre dernier, le gouvernement du Nigeria avait déjà rejeté les accusations portées par la junte nigérienne, selon lesquelles le groupe terroriste Lakurawa, avec le soutien présumé des forces de sécurité nigérianes et d’autres entités étrangères, serait responsable de l’attaque sur l’oléoduc Niger-Bénin, survenue le 13 décembre 2024 dans la région de Dosso.

Des accusations simplistes : 

En attribuant le recrutement terroriste dans les zones de Monguno et de Baga à la complicité des autorités nigérianes et à une intervention française, Tiani occulte des dynamiques locales bien plus complexes. Ces régions sont en proie à une extrême pauvreté et à l’absence de structures étatiques solides, des facteurs que les groupes armés exploitent pour recruter.

Une rhétorique détournant l’attention des échecs internes

Le discours anti-français du général Tiani n’est pas nouveau, mais il prend un tour de plus en plus virulent à mesure que la situation sécuritaire du Niger s’aggrave. En 2024, près de 1 500 Nigériens ont perdu la vie dans des attaques terroristes, un bilan qui témoigne de l’échec patent de la junte à sécuriser le pays. À l’instar de son homologue burkinabè Ibrahim Traoré, Tiani utilise la désinformation et les accusations contre des puissances étrangères pour détourner l’attention des échecs internes de son régime. Si cette stratégie de désinformation peut, à court terme, renforcer le soutien populaire auprès d'une partie de la population et des milliers d'activistes gracieusement payés par le régime militaire, elle reste profondément dangereuse. En polarisant davantage les relations internationales et en alimentant un sentiment d’isolement, Tiani compromet les opportunités de collaboration qui pourraient réellement bénéficier à son pays.

Le général Abdourahamane Tiani, tout comme Ibrahim Traoré au Burkina Faso, semble avoir fait le choix d’une gouvernance par la désinformation, alimentant une rhétorique nationaliste pour masquer ses échecs. Cependant, le coût humain de ces manœuvres est incommensurable.

Omar Diallo à Niamey

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