Niger: 138 morts à Chatoumane, l’échec sécuritaire du général Abdourahamane Tiani

Ce bilan tragique, l’un des plus lourds enregistrés ces dernières années, démontre que malgré les discours de fermeté et les annonces de réorganisation sécuritaire, la junte dirigée par le général Abdourahamane Tiani échoue à protéger les populations civiles comme les forces armées.

Une junte dépassée par les défis sécuritaires

Depuis son coup d’État en juillet 2023, la junte militaire avait promis de restaurer la sécurité et de mettre fin aux violences djihadistes qui frappent le Niger. Cependant, cette attaque révèle une réalité bien différente : l’incapacité de l’armée à anticiper et à répondre efficacement aux menaces croissantes. Chatoumane n’est pas une zone inconnue des groupes armés. Située près de la frontière avec le Mali et le Burkina Faso, elle fait partie du “triangle de la mort”, une région régulièrement ciblée par les djihadistes. Le fait que ces groupes aient pu attaquer une zone aussi exposée, en plein jour et lors d’un marché, interroge gravement sur les mesures de prévention et de renseignement mises en place par les autorités.

Des civils toujours en première ligne

Cette attaque illustre également l’inaction du pouvoir face à la détresse des civils. Depuis des années, les populations des régions frontalières vivent sous la menace permanente des groupes armés. Pourtant, au lieu d’un renforcement de leur protection, elles continuent de subir des attaques sanglantes, souvent sans réelle réponse de l’État. Les promesses de la junte d’éradiquer la menace terroriste apparaissent de plus en plus comme des slogans vides. En se concentrant sur la consolidation de son pouvoir, notamment par la répression des oppositions politiques et des médias, la junte semble avoir détourné son attention de son principal mandat : garantir la sécurité des Nigériens.

Une stratégie à repenser

Face à l’échec sécuritaire manifeste, la junte doit se confronter à une vérité amère : ses approches actuelles sont inadéquates. L’absence de coopération internationale effective, due notamment aux tensions avec les partenaires traditionnels tels que la France, aggrave la situation sécuritaire. Pendant ce temps, des vies continuent d’être fauchées, des familles décimées, et la confiance des citoyens s’érode.

Si le général Tiani et son gouvernement ne redéfinissent pas rapidement leurs priorités pour inclure des mesures tangibles de protection des populations, ils risquent de perdre encore davantage de légitimité, non seulement sur la scène internationale, mais surtout auprès des Nigériens qu’ils prétendent défendre. L’attaque de Chatoumane est bien plus qu’un drame humain : c’est une démonstration brutale de l’échec d’une junte qui, à ce jour, n’a pas su honorer ses promesses sécuritaires. Combien de massacres faudra-t-il encore pour que des actions concrètes soient prises ? Le temps presse, et le Niger ne peut plus se permettre de naviguer dans l’incertitude.