« EFFET DEBY »
Ouagadougou, Bamako et Niamey: Mahamat Idriss Déby, un héros malgré lui
Depuis l’attaque meurtrière du 27 octobre, qui a coûté la vie à une quarantaine de soldats tchadiens, le président du Tchad, Mahamat Idriss Déby, a suscité l’admiration de nombreux militaires à travers le Sahel. Prenant personnellement la direction des opérations militaires contre les djihadistes avec l’opération « Haskanite », Déby a insufflé un vent de détermination dans les casernes, de Bamako à Ouagadougou en passant par Niamey. Sa présence sur le terrain et son engagement personnel incarnent, pour beaucoup, l’image du « vrai Chef ».
- Politique
Dans les casernes du Burkina Faso, la déclaration de Mahamat Déby résonne particulièrement fort. Il avait affirmé : « Je sais que pour prendre les bonnes décisions en ce qui concerne la sécurité, il faut être sur le terrain. Je sais aussi que nombre de nos compatriotes s’inquiètent de mon déplacement. À ce propos, je veux simplement leur dire que je suis un homme de foi et que la mort est partout : si ton heure est arrivée, tu ne peux pas t’échapper. Alors autant faire le travail que le peuple tchadien m’a confié. »
Pour les soldats burkinabés, cette posture contraste avec celle d’Ibrahim Traoré, confronté à des pertes humaines tragiques en 2024, avec plus de 6 000 victimes parmi ses compatriotes. « Déby incarne ce qu’on attend d’un chef », confie un officier de Kaya sous couvert d’anonymat, exprimant un sentiment partagé dans de nombreuses garnisons. À Ouagadougou, un ministre burkinabé a confié à son entourage, en privé : « Le patron passe trop de temps sur les réseaux sociaux, ça nous dessert grandement. » Un commentaire qui souligne un sentiment de frustration au sein de la hiérarchie militaire burkinabée, où la gestion de la lutte contre le terrorisme est perçue comme une stratégie peu efficace en comparaison à l’engagement direct de Mahamat Déby.
À Bamako, l’effet « Déby » n’est pas moins puissant. Depuis le coup d’État de 2020, Assimi Goïta, à la tête du Mali, est rarement vu hors des murs du Palais de Koulouba, où il limite ses apparitions à des audiences officielles. La récente prise de l’aéroport de Bamako par des djihadistes le 17 octobre, infligeant une nouvelle humiliation à l'armée malienne et aux mercenaires de Wagner, a révélé les failles inquiétantes de la sécurité malienne, exposant une défense qui se voulait impénétrable. En contraste, le choix de Déby de s’exposer aux dangers du front est perçu comme une démonstration de force et de leadership, inspirant respect et envie.
Au Niger, l’image de Mahamat Déby, en tenue militaire, coordonnant la riposte a également eu un retentissement important. Dans les casernes et jusque dans les bureaux du ministère de la Défense, la vidéo du dirigeant tchadien s’est retrouvée sur les téléphones de nombreux officiers, y compris celui du ministre Salifou Modi. Une source proche de la présidence nigérienne a confirmé que le Général Tiani avait lui aussi visionné cet extrait sans laisser transparaître de réaction. La présence de Déby au front contraste avec l'option d'une bunkérisation du général Tiani, renforçant l’image du dirigeant Tchadien comme une figure de courage.
Amine Diarra à Bamako
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