Côte d’Ivoire : grogne au sein de l’armée, la nomination qui ne passe pas !

Au centre de plusieurs scandales, notamment des faits de corruption, intimidation, extorsion de fonds, le « lieutenant » Olivier Durand, qui n’est toujours pas un officier régulier au sein de l’armée ivoirienne, a été nommé début mai 2023, à la tête du renseignement du Centre de renseignement opérationnel antiterroriste (CROAT), créé le 6 août 2021 par Alassane Ouattara. Cette structure est placée sous la double tutelle du président ivoirien, qui dirige le Conseil national de sécurité (CNS), et de son frère, Birahima Téné Ouattara. La nomination de Olivier Durand n’est pas passée inaperçue à Sebroko, où les éléments de l’Unité de lutte contre la grande criminalité (ULGC) étaient en « ébullition » après avoir été informés par leur hiérarchie.  « On ne peut pas nommer un spécialiste de racket, d’intimidation et rédacteur de faux rapports à ce poste. Le ministre ne nous écoute pas. Il ne lit pas nos rapports. Olivier est mêlé à toutes les escroqueries à l’ULGC. «Tous sans exception », nous a lâché un officier de rang qui requiert l’anonymat. 

Ivoiro-sénégalais, sans aucune formation, recruté en 2011 après la chute de Laurent Gbagbo pour ses talents de rédacteur, Olivier Neme Durand, a été cité dans plusieurs dossiers explosifs ces dernières années : l’affaire Ibrahim Lakiss, le scandale du trafic de bois qui a précipité le départ du gouvernement de Alain-Richard Donwahi, l’affaire Amani Hokoyé, du nom de l’orpailleur qui a payé 37 millions de FCFA pour sa libération, le faux mandat d’arrêt international rédigé pour soutirer de l’argent à l’opérateur économique Burkinabé, Karim Ouédraogo, la brève interpellation du pasteur Guy-Vincent Kodja, sans oublier le harcèlement quotidien dont fait l’objet la communauté libanaise à Abidjan, pour ne citer que ces faits-là. 

Olivier Durand, nouveau patron des renseignements du CROAT, « c’est le début de la fin pour lui », nous a martelé un officier de rang de l’état-major ivoirien. La tension monte au sein du CROAT depuis quelques jours, et le ministre ivoirien de La Défense, Birahima Téné Ouattara, qui ne reçoit quasiment pas les nombreux rapports et signalements sur les agissements de Olivier Durand, va devoir trancher. L'arrêté ministériel signé par le général Ousmane Yéo, suscite grogne et indignation au sein de l'armée ivoirienne.