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MALAISE

Burkina Faso : Ibrahim Traoré instaure la rançon comme mode de gouvernance

Deux ans après le putsch qui l'a installé à la tête du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré fait face à des accusations de plus en plus graves. Nos récentes enquêtes révèlent une pratique alarmante : l'utilisation systématique des enlèvements et des rançons comme outil de gestion politique et économique. Cette dérive, désormais au cœur de la gouvernance burkinabé, choque non seulement à l’intérieur du pays, mais aussi au-delà de ses frontières.

Crédit Photo : PRF
Crédit Photo : PRF

Capitaine Ibrahim Traoré.

À Niamey, mais surtout à Bamako, nos révélations sur les rançons payées après les enlèvements de plusieurs citoyens ont provoqué un profond malaise. Les dirigeants maliens et nigériens, qui ont préféré s’exprimer sous couvert d’anonymat, considèrent ces méthodes dignes de groupes terroristes ou de réseaux criminels. Ils estiment qu’un État ne devrait jamais avoir recours à de telles pratiques, sous peine de perdre toute légitimité auprès de ses concitoyens.

Le cas le plus emblématique de cette dérive concerne l’homme d’affaires burkinabé Mahamadou Bonkoungou, dont la fille a été enlevée. Selon nos informations, la somme de 8 millions d’euros aurait été versée pour sa libération. Notre source, proche du chef de la junte à Ouagadougou, affirme que «cet argent a servi à payer les services des mercenaires russes de la Brigade Bears», un groupe paramilitaire composé d’une centaine d’hommes, qui était arrivé à Ouagadougou en mai. Ces mercenaires assuraient la protection de certaines personnalités, notamment celle du capitaine Ibrahim Traoré. Leur départ précipité, peu après le paiement de leur « facture », alimente encore plus les spéculations sur l’implication directe de l'État dans ces transactions douteuses.

Un autre cas concerne le fils de la femme d’affaires Alizeta Ouédraogo, dont la libération a coûté près de 2,75 milliards de francs CFA. Ce montant astronomique aurait été versé à la junte après son enlèvement, confirmant l’hypothèse que ce mode opératoire est devenu un pilier de la gouvernance sous Traoré.

Ces révélations soulèvent une question cruciale : le Burkina Faso est-il en train de devenir un État de non-droit ? Le gouvernement, censé protéger ses citoyens, s’implique-t-il désormais dans des activités criminelles pour financer ses opérations militaires et maintenir le pouvoir en place ? La confiance des Burkinabés en leur État semble gravement ébranlée, alors que la répression et la violence se multiplient dans un pays déjà éprouvé par l’insécurité.

De notre correspondant à Ouagadougou I. K.

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