Ibrahim Traoré en passe de devenir général

Un projet de loi discret mais révélateur

Officiellement, rien n’a été annoncé directement concernant la promotion d’Ibrahim Traoré. Pourtant, des éléments laissent penser qu’elle est imminente. Le communiqué final du Conseil des ministres mentionnait l’adoption d’un projet de loi sur le Statut général des personnels des Forces armées nationales, visant à « corriger certaines insuffisances et opérer des réformes pour plus d’efficacité ». Selon le ministre de la Sécurité, Mahamadou Sana, assurant l’intérim du ministre de la Défense, ce nouveau texte unifie les lois 037 et 038. Même si cette réforme peut sembler anodine, elle a été perçue par plusieurs officiers de rang au Burkina Faso comme une première étape vers la promotion du capitaine putschiste. Une source proche du palais de Kosyam, qui a requis l’anonymat, a confirmé : « il va devenir général très bientôt ». Ainsi, ce projet de loi apparaît davantage comme un prétexte pour officialiser une manœuvre de promotion personnelle.

L’échec de la stratégie antiterroriste ignoré

Cette potentielle promotion intervient dans un contexte de crise sécuritaire aiguë. Depuis que le capitaine Traoré a pris les rênes du pays, sa stratégie pour contrer le terrorisme s’est révélée largement inefficace. Les attaques menées par des groupes armés continuent de faire des ravages, entraînant déplacements massifs et instabilité sociale. Plutôt que de se concentrer sur le renforcement de la sécurité nationale, il semblerait que le capitaine soit plus préoccupé par sa montée en grade, un geste que certains interprètent au sein de la junte, comme un aveu de faiblesse déguisé en acte de légitimation militaire. En choisissant de se promouvoir, IB envoie un message ambigu : la priorité n’est pas de renforcer la sécurité du pays, mais plutôt d’affirmer son pouvoir personnel.

L’Alliance des États du Sahel, une affaire de généraux !

Cette tentative de promotion d’Ibrahim Traoré n’est pas sans rappeler le précédent malien. Le 16 octobre 2024, le colonel Assimi Goïta, chef de la junte au Mali, a été promu général cinq étoiles. Cette élévation l’a fait rejoindre un cercle restreint de dirigeants militaires qui ont pris le pouvoir par la force et se sont ensuite autoproclamés généraux pour légitimer leur autorité. L’initiative d'Ibrahim Traoré semble calquée sur ce modèle, témoignant d’une volonté de s’aligner avec ses homologues maliens et nigériens au sein de l’Alliance des États du Sahel. Derrière la volonté apparente d’améliorer l’efficacité des forces armées burkinabè, cette démarche cache une réalité plus sombre : la promotion d’Ibrahim Traoré est avant tout une tentative d’asseoir son pouvoir. Être capitaine parmi les généraux de l’Alliance des États du Sahel n’est plus envisageable pour lui. Pour ses partisans, cette promotion viendrait saluer ses efforts pour assurer la sécurité nationale, mais pour ses détracteurs, il s’agit d’un geste de vanité, révélateur d’une dérive autoritaire.