Désinformation et déstabilisation : combien gagnent les activistes d’Ibrahim Traoré ?
Depuis l’arrestation d’Alino Faso par les autorités ivoiriennes, les investigations ont mis au jour un réseau structuré de désinformation, orchestré depuis Ouagadougou. Ce réseau cible particulièrement la France, la Côte d’Ivoire et leurs dirigeants, notamment le président Alassane Ouattara. D’autres chefs d’État, comme Patrice Talon au Bénin, ainsi que certains médias, sont régulièrement attaqués par cette « armée numérique » au service du régime burkinabè.
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Capitaine Ibrahim Traoré.
Les services de renseignement ivoiriens ont découvert que Kassoum Traoré, frère cadet du capitaine Ibrahim Traoré, joue un rôle central dans la coordination de ces campagnes numériques. Selon des sources proches de l’enquête en cours à Abidjan, il superviserait une véritable machine de propagande visant à influencer l’opinion publique et à discréditer les régimes jugés hostiles au Burkina Faso et à l’Alliance des États du Sahel (AES).
Le mode opératoire est bien rodé : les « wayiyans » – surnom donné aux activistes en ligne – reçoivent des crédits téléphoniques de 10 000 FCFA pour mener des attaques ciblées sur les réseaux sociaux. À cela s’ajoute une rémunération mensuelle de 50 000 FCFA pour les trolls, chargés de diffuser des infox et de rallier les indécis à la cause de la junte. Les coordinateurs de ces campagnes sont quant à eux devenus de véritables salariés. Leur rémunération mensuelle atteint 250 000 FCFA, et ils seraient plusieurs centaines à opérer au Burkina Faso et dans d’autres pays de la sous-région.
Alino Faso, figure clé du dispositif
L’arrestation d’Alino Faso a permis de lever le voile sur l’ampleur de cette campagne d’influence. Selon nos sources, ce relais de Ouagadougou, reconverti en producteur et promoteur de spectacles, percevait un double financement : 1 million de FCFA versé par l’Agence Nationale de Renseignement (ANR) burkinabè. 1 million de FCFA supplémentaire, payé directement par Kassoum Traoré. Ces deux versements ne prennent pas en compte des frais de mission souvent chiffrés à plusieurs millions de français CFA. Un financement qui témoigne de l’importance stratégique accordée à ces campagnes de déstabilisation numérique par la junte burkinabè.
Une stratégie fondée sur la manipulation et l’anti-impérialisme
Le discours adopté par ces activistes repose sur deux piliers : la victimisation et l’anti-impérialisme. L’objectif est de convaincre les populations que la junte burkinabè est la seule alternative face à un prétendu complot occidental et aux dirigeants africains jugés trop proches de la France. Les attaques sur les réseaux sociaux ciblent en priorité la France et la Côte d’Ivoire, accusées d’ingérence dans la région. Des campagnes de désinformation sont également menées contre des médias indépendants, qualifiés de relais de « l’ennemi ».
Un budget illimité pour une guerre de l’information
Les révélations issues des enquêtes en cours montrent que cette machine de propagande bénéficie de ressources considérables. Son objectif ? Instaurer un climat de méfiance et de division en Afrique de l’Ouest en exploitant les tensions géopolitiques et en manipulant l’opinion publique à des fins politiques. L’armée de trolls est un système bien rodé, adopté par les pays membres de l’Alliance des États du Sahel, qui déroulent le tapis rouge aux activistes dans les palais présidentiels. Ibrahim Traoré, Assimi Goïta et Abdourahamane Tiani ont délaissé les canaux diplomatiques classiques pour se tourner vers les réseaux sociaux, devenus leur principal terrain d’influence. À coups de messages percutants et de discours bien calibrés, ils façonnent l’opinion, galvanisent leurs partisans et attaquent leurs opposants. Cette bataille numérique, nourrie par des campagnes de désinformation et des discours populistes, accentue les tensions et fragilise un peu plus la stabilité régionale.
LSI AFRICA
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