BARRICK GOLD DÉNONCE
Mali : la junte organise en secret le transport d’une tonne d’or par hélicoptère
Un hélicoptère militaire malien s’est posé jeudi matin sur le site minier de Loulo-Gounkoto avant d’en repartir quelques heures plus tard avec une tonne d’or à son bord, selon des révélations exclusives de l’agence Reuters. Cette opération lève un coin de voile sur la gestion du stock d’or saisi à Barrick Mining, suspendue depuis janvier.
- Société

Crédit Photo : Collage
Une opération aussi discrète que symbolique s’est déroulée ce jeudi 10 juillet sur le site minier de Loulo-Gounkoto, dans l’ouest du Mali. Selon des informations exclusives recueillies par l’agence Reuters auprès de plusieurs sources concordantes, un hélicoptère militaire malien a transporté une tonne d’or depuis le complexe exploité par la multinationale Barrick, suspendu depuis janvier.
Le décollage de l’appareil, aux couleurs de l’armée malienne, fait suite à une décision d’un administrateur judiciaire récemment nommé par un tribunal de Bamako. Ce dernier, l’ancien ministre de la Santé Soumana Makadji, a pour mission de relancer l’activité sur le site — autrefois le plus grand gisement d’or du pays — en utilisant les stocks disponibles comme levier financier.
D’après Reuters, l’opération s’est déroulée dans un calme apparent. L’hélicoptère s’est posé tôt dans la matinée sur une piste isolée, entourée de végétation, avant que ses passagers ne soient escortés vers la salle de stockage de l’or. Cinq heures plus tard, l’appareil quittait les lieux, chargé des précieux lingots. Il s’agirait, selon une source, de l’intégralité du stock d’or encore présent sur le site depuis la saisie de trois tonnes ordonnée par un juge en janvier. Barrick, qui a engagé une procédure d’arbitrage contre l’État malien devant la Banque mondiale, a réagi avec fermeté. « Tout plan de relance basé sur la vente de cet or est non seulement illégitime, mais aussi inopportun », a déclaré le groupe canadien dans un communiqué.
Les relations entre Barrick et les autorités maliennes se sont sérieusement tendues depuis l’entrée en vigueur d’un nouveau code minier en 2023. Celui-ci prévoit notamment une hausse des taxes et une participation accrue de l’État dans les sociétés minières. La compagnie avait suspendu ses activités après deux mois de blocage des exportations, l’arrestation de plusieurs cadres et la saisie des stocks.
Malgré l’absence de reprise effective du forage ou de l’extraction, l’usine du site a redémarré ses opérations de traitement du minerai. Selon les documents internes consultés par Reuters, les premiers lingots issus de cette nouvelle phase de transformation devraient sortir d’ici une douzaine de jours. Le ministère des Mines, sollicité à plusieurs reprises, n’a pas encore réagi. Quant à Soumana Makadji, il n’a pu être joint par l’agence de presse.
LSI AFRICA avec Reuters
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